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Quand on aborde l’étude d’anciens textes initiatiques, que ce soient les Ecritures sacrées comme la Bible et les Védas ou des écrits des fraternités gnostiques, il peut être utile de définir avec précision l’esprit dans lequel on le fait, et ce que l’on s’attend exactement à en tirer d’utile pour le monde et l’humanité.
 

Affirmons avant tout l’existence certaine de la Gnose, la Vérité divine, une et éternelle, que nous cherchons ; d’elle dérive tout autre connaissance ; à sa lumière toute autre vérité trouve sa place exacte, son explication et son rapport avec l’ensembles des autres révélations. C’est précisément pourquoi la Gnose ne saurait être enfermée en une seule formule catégorique, ni trouvée dans sa totalité ou dans tous ses aspects en une philosophie, texte ou enseignement, ni énoncée en entier et pour toujours par un seul Maître - penseur, prophète ou Avatar - quel qu’il soit.
 
Or, cette Vérité, bien qu’elle soit une et éternelle, s’exprime dans le temps par l’intermédiaires d’être humains : Envoyés, incarnés dans la matière, ou initiés, qui ont parcouru le chemin de bas en haut. C’est pourquoi toute Écriture comprend nécessairement deux éléments : l’un temporaire, périssable, appartenant à la période et au pays dans lesquels cette Écriture a pris naissance, l’autre éternel et impérissable, applicable à tous les pays et à toutes les époques.
En outre, la forme même donnée à l’affirmation de la Vérité, le système et la disposition, le moule métaphysique et intellectuel, l’expression précise employée, doivent être dans une large mesure soumis aux transformations du temps, et ne pas conserver la même force [1]. L’intellect humain, en effet, change constamment ; modifiant sans cesse ses analyses et reformant sa synthèse. Sans cesse il abandonne vieilles expressions et vieux symboles pour en prendre de nouveaux, ou, s’il conserve les anciens, il en change si bien la valeur, ou tout au moins le contenu exact et les associations, que nous ne pouvons jamais être tout à fait certains de comprendre un ancien texte de ce genre exactement dans le sens et l’esprit qu’il avait pour ses contemporains. Ce qui conserve toujours son entière valeur, c’est ce qui est universel et qui en outre a été éprouvé, vécu et vu avec une vision plus haute que la vision intellectuelle.
 
Aussi ne voyons-nous pas grand intérêt à découvrir dans le conte du Graal - en admettant même que cela soit rigoureusement possible - le sens métaphysique exact qu’y trouvaient les hommes de son époque. Au reste, les divergences entre les commentaires qui ont été écrits sur ce texte et que l’on écrit encore à son sujet, montrent que ce serait impossible ; car chacun d’eux se déclare en désaccord avec tous les autres et trouve dans ce mythe son propre système métaphysique et sa propre tendance de pensée religieuse. Et même les recherches les plus consciencieuses et les plus désintéressées, la collecte la plus minutieuse des faits historiques, ne nous mettront pas à l’abri d’erreurs inévitables.
 
Mais ce que nous pouvons faire avec profit, c’est chercher dans ce récit les vérités vivantes qu’il contient sans nous préoccuper de leur présentation métaphysique ; c’est en extraire ce qui peut aider, soit nous-mêmes, soit le monde dans son ensemble, et nous efforcer de le traduire dans la forme et l’expression les plus naturelles et les plus vivantes qui puissent s’adapter à l’humanité d’aujourd’hui et en satisfaire les besoins spirituels.
 
Sans doute risquons-nous d’y mêler, comme l’ont fait avant nous de plus grands que nous, beaucoup d’erreurs provenant de notre propre individualité ou des idées parmi lesquelles nous vivons ; mais si nous nous plongeons dans l’esprit de ce manuel d’initiation - et surtout si nous essayons de vivre de cet esprit - nous pouvons être sûrs de trouver dans ce texte autant de réelle vérité que nous sommes capables d’en recevoir, d’y trouver aussi l’influence spirituelle et l’aide véritable que nous étions personnellement destinés à y puiser. Et en somme, c’est pour donner cela que ces textes ont été composés ; tout le reste n’est que dispute académique ou dogme théologique.
 
Seuls continuent à être d’une importance vitale pour l’homme les textes, les enseignements, les philosophies, qui peuvent être constamment renouvelés, revécus, et dont la substance de vérité permanente peut être sans cesse retrouvée et développée dans la pensée intérieure et l’expérience spirituelle de humanité. Le reste subsiste comme monument du passé, mais sans aucune force réelle, sans impulsion vitale pour l’avenir. [2]

Notes :

[1] Ceci explique pourquoi les enseignements des mystères sont constamment renouvelés, des nouvelles Ecoles des Mystères apparaissant à chaque époque avec un enseignement adapté au temps et au lieu où elles apparaissent. Il n’y a donc aucun intérêt, et les échecs cuisants des tentatives faites par le passé le prouvent, pour le chercheur actuel d’essayer de vivre comme les cathares ou de mettre en pratique les enseignements orientaux venus du fond des ages

[2] Librement inspiré de l’introduction à la Gîtâ par Shrî Aurobindo


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